Montréal
Les transports collectifs
La gestion du transport occupe une place importante dans les caractéristiques du nouvel urbanisme qui positionne la mobilité quotidienne des individus parmi les principaux déterminants de la planification des caractéristiques urbanistiques.
« Fondé en 1993, le Congrès pour un nouvel urbanisme (CNU) reprend les idées essentielles d’un ensemble de théorie élaborées au cours des dernières décennies (transit-oriented-developpement, smart growth, traditional neighbourhood developement) qui partagent trois objectifs fondamentaux en matière de gestion du transport ». (Sénécal, 2009, p.214)
Ces objectifs fondamentaux visent à réduire en général le nombre de déplacements, motorisé ou non, à réduire plus particulièrement, autant que cela puisse être rendu possible par un aménagement urbain adéquat, les déplacements nécessitant des véhicules motorisés dans l’ensemble des activités quotidiennes et finalement, à réduire les distances parcourues au cours des déplacements qui doivent absolument être effectués par un véhicule motorisé.
Pour arriver à cette finalité, il est possible de baser la planification urbanistique du quartier sur la théorie des 3D de Cervero (1998). Il s’agit de la densité, de la diversité et du design. D’après Cervero, pour réduire les déplacements il est plus efficace d’augmenter la densité, d’améliorer la diversité fonctionnelle des lieux et d’appliquer un design urbain qui encourage les déplacements alternatifs à l’automobile. D’ailleurs, pour inciter les individus à employer des modes de transports actifs, le vélo et la marche, ou encore les transports en commun, il semble plus déterminant d’opter pour la densification du lieu d’arrivé plutôt que du lieu d’origine. L’accessibilité à ces réseaux de transports alternatifs, par leur proximité et leur convivialité, permet de favoriser les changements de comportements auprès de la population.
« L’aménagement physique du réseau de rues, leur connectivité, leur convivialité, la continuité des trottoirs ainsi que la taille des blocs permettraient de limiter le recours à l’automobile et de favoriser la marche. » (Sénécal, 2009, p.215)
L’un des plus importants projets immobiliers réalisés au cours des dernières années sur l’île de Montréal mettant en application les principes du nouvel urbanisme se situe dans le secteur de Saint-Laurent; il s’agit du quartier Bois-Franc.
Le quartier Bois-Franc s’est doté d’un service de transport en commun efficace. Le trajet d’autobus numéro 70 parcoure les artères importantes du quartier tel que le boulevard Alexis Nihon, la rue des Nations, le boulevard Poirier. En périphérie, de nombreux trajets sont également facilement accessibles par la marche sur le boulevard Henri-Bourassa, le boulevard Marcel-Laurin, le boulevard Thimens et, légèrement plus loin, le boulevard de la Côte-Vertu qui constitue un axe de circulation important dans le secteur de Saint-Laurent. Ces différents trajets d’autobus permettent aux habitants du quartier Bois-Franc de se rendre facilement un peu partout sur l’Île de Montréal. Régulièrement, les résidents sont invités à des séances d’information publique sur les transports collectifs à Ville Saint-Laurent afin d’exprimer leurs opinions et de proposer des améliorations aux services déjà en place.
De plus, tout juste au nord, on retrouve la gare Bois-Franc qui est une gare de la ligne de train de banlieue Deux-Montagnes qui offre aux usagers un stationnement incitatif de 754 places. Cette gare de train de trouve tout de même à plus de 35 minutes de marche de la plupart des habitations du secteur Bois-Franc. Actuellement, aucun accès direct ne relie le quartier à la gare de train. Par conséquent, les résidents doivent contourner le terrain de golf qui crée une imposante barrière aux déplacements. Les observations ont actuellement souligné que la plupart des individus optaient pour l’usage du métro plutôt que le train. En marchant moins de 10 minutes, les habitants ont tous accès à la ligne d’autobus numéro 70 qui peut par la suite les amener jusqu’à la station de métro Côte-Vertu qui est la fin de la ligne orange.
Pour l’instant, aucune station Bixi n’est située à proximité du quartier et il ne semble pas être dans les plans d’en implanter une prochainement puisque le quartier se trouve en dehors de la zone ciblée par la Ville de Montréal. Par contre, on retrouve une abondance de pistes cyclables qui sillonnent l’ensemble du quartier. En ce qui concerne le service Communauto, aucun point d’accès n’est présentement implanté à moins d’une distance de 25 minutes de marche du quartier. Les points d’accès les plus proches sont situés à l’intersection du boulevard Marcel-Laurin et de la rue de l’Église ou encore au centre commercial Place Vertu.
Les espaces verts (parcs) et bleus (lacs) représentent près de 17% de la superficie totale de l’aménagement du territoire. Ces espaces naturels servent de fil conducteur qui relie l’ensemble les îlots du projet les uns avec les autres. Les places publiques, les terrains de jeux pour enfants et les squares favorisent « la qualité de vie, la convivialité du quartier ainsi que l’interaction sociale des habitants » (Sénécal, 2009, p.223) L’aménagement des rues et la signalisation sont conçus pour réduire la vitesse des véhicules motorisés réduisant la pollution sonore et procurant également davantage de sécurité aux enfants en ralentissant les automobiles.
Références
Bixi Montréal. (2012) "Stations Bixi", Montréal, consulté le 20-10-2012, https://montreal.bixi.com/stations/
Calthorpe, P. (1993). The next American metropolis. Ecology, community and the American dream. Princeton: Princeton Architectural Press.
Cervero, R. (1998) The Transit Metropolis. A Global Inquiry, Washington D.C.: Island Press
Sénécal, G. (2009) « La métropolisation et ses territoires », Montréal : Les presses de l’Université du Québec
Société de transport de Montréal. (2012) "Réseau STM": Ville de Montréal, consulté le 20-10-2012, http://www.stm.info/info/plans.html
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Réseau d'autobus
Train de banlieue
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Bixi et Communauto
Espaces verts
Analyse de l'efficacité de l'aménagement urbain sur les modes de déplacement
Gilles Sénécal assisté de Laurence Bherer a publié les résultats de son analyse des comportements de mobilité des résidants du quartier Bois-Franc effectuée entre 1998 et 2003. Les résultats ainsi obtenus semblent démontrer que malgré les bonnes intentions d’aménagement des urbanistes Daniel Arbour & associés, les habitants du quartier Bois-Franc ne semblent pas adopter des comportements de mobilité plus durables visés tel que c’est le cas dans les autres secteurs de la Ville de Montréal. La moyenne de la distance quotidienne parcourue par résidant se situe à 8,5 km alors que les autres résidants de l’arrondissement Saint-Laurent obtiennent une moyenne de 6 km. La différence est tout de même notable puisque l’écart est de 41 % en défaveur du quartier Bois-Franc. En comparaison, à l’échelle métropolitaine, pour l’ensemble de la Ville de Montréal, la distance moyenne parcourue est de 7,94 km. Encore une fois, on peut constater que le quartier Bois-Franc lui est supérieur de 7 %. Par contre, il est important de noter qu’entre 1998 et 2003, on observe une diminution de 1 km à la moyenne de la distance parcourue. Cette diminution peut être causée par l’amélioration des systèmes de transports en communs, par la sensibilisation accrue des modes de transports alternatifs à l’automobile ou encore, par la hausse du prix de l’essence qui inciterait les gens à utiliser plus intelligemment leur voiture et qui aurait donc, tendance à concentrer leurs activités de déplacement.
L’étude effectuée par Sénécal et Bherer permet également de constater que les résidants du projet Bois-Franc parcourent de 1 à 1,5 km de plus pour leurs loisirs ainsi que pour leur éducation comparativement à leur homologue. Cette constatation s’explique par l’absence d’écoles et d’installations sportives sur le territoire du quartier. Les jeunes enfants peuvent se contenter des parcs aménagés, mais rapidement, ils se mettent à la pratique de sports nécessitant des installations particulières comme un aréna ou piscine d’entrainement. En périphérie, par contre, sur le boulevard de Thiemens, quelques installations sportives sont facilement accessibles tel un terrain de soccer et des courts de tennis. Il faut toutefois compter jusqu’à 50 minutes de marche pour le trajet en fonction du lieu de départ. Il est cependant intéressant de noter que les résidants du quartier parcourent en moyenne une plus courte distance, soit 6,86 km contre 7,41 km, pour se rendre au travail. Au cours des dernières années, des industries et commerces se sont implantés à proximité et il semble que cela ait eu une influence positive sur les résidants, puisqu’au cours des cinq dernières années, la distance pour se rendre à leur emploi aurait chuté de 1,35 km. Gilles Sénécal affirme à ce sujet que « les nouveaux résidants qui se sont implantés au sein du quartier Bois-Franc durant cette période ont une plus forte propension à travailler plus près de leur lieu de résidence. » (Sénécal, 2009, p.226) Pour ceux qui travaillent à l’extérieur du quartier, Sénécal et Bherer constatent que l’orientation de leur déplacement pour se rendre au travail est différente de l’orientation prise par les autres résidants de l’arrondissement Saint-Laurent. Une plus forte proportion d’entre eux travailleraient dans l’Ouest de l’île, à Laval et au centre-ville, « mais très peu sur la Rive-Sud et dans l’est de l’île de Montréal » (Sénécal, 2009, p.226) Il est possible d’expliquer cela en supposant que les types d’emplois offerts dans ces régions correspondent tout simplement davantage au profil socioprofessionnel des résidants dont le revenu moyen serait de 46 038 $ contre 27 302 $ pour les autres habitants de Saint-Laurent.
« Une proportion décroissante de ces résidants travaillaient dans le centre-ville (15,4 % en 2003 contre 29,8 % en 1998), alors qu’on observe une tendance inverse pour les résidants de l’arrondissement (20,7 % en 2003, contre 19,4 % en 1998), preuve que l’aire d’emploi des résidants du quartier Bois-Franc se recentre autour de l’important pôle d’emploi que constitue Saint-Laurent-Dorval. » (Sénécal, 2009, p.226)
De plus, l’étude menée par Sénécal et Bherer démontre que seulement 20,6 % des déplacements effectués par les résidants de Bois-Franc serait consacré au magasinage contrairement à 56,6 % pour les autres résidants de l’arrondissement Saint-Laurent. Cela tend donc à démontrer le succès des commerces et services de proximité qui offrent ce que les gens désirent à une distance moindre de leur résidence. On peut faite mention de l’absence d’une épicerie de grande surface au sein du quartier et qui engendre possiblement la majorité des déplacements d’achats à l’extérieur L’étude nous apprend que la plupart de ces déplacements seraient en direction de la Rive-Nord où l’on retrouve justement une épicerie.
Finalement, à la lumière des données recueillies, il convient de distinguer les modes de déplacement empruntés pour en comprendre les impacts sur la vie de quartier. De se fait, on constate que l’automobile, comme conducteur ou en covoiturage, est utilisée dans prêt de 80,1 % des cas de déplacement contre 65 % pour le reste de l’arrondissement Saint-Laurent. Par conséquent, les modes actifs ainsi que le transport en commun, métro et autobus, représentent une plus faible proportion soit 10,4 % à Bois-Franc contre pratiquement le double, 20,4 %, pour le secteur Saint-Laurent. Néanmoins, la propension à l’usage du train et du vélo est légèrement supérieure démontrant que l’aménagement des pistes cyclables est un franc succès. Finalement, bien que le quartier semble propice à la marche par la qualité de ses aménagements urbains, parcs, places publiques et squares, Sénécal et Bherer constatent avec stupeur que la marche à pieds ne représente qu’un faible 1,7 % des déplacements des résidants alors que la moyenne pour l’ensemble de l’arrondissement est de 9,2 %. On peut en déduire que l’étalement urbain du secteur ne semble donc pas propice aux déplacements d’usage utilitaire et que ce mode de déplacement semble principalement utilisé pour la marche récréative et d’agrément.