Montréal
Les usages
Le nouvel urbanisme encourage également la mixité des fonctions, car il en résulte une optimisation de l’utilisation des ressources et des infrastructures. Cependant, dans plusieurs circonstances, les villes imposent des règlementations de zonage qui ont pour objectif de « protéger les lieux de résidences des nuisances de la ville et de son développement » (Sénécal, 2009, p.214) et d’ainsi nuire à la mixité fonctionnelle qui vise pourtant à l’établissement d’une mixité sociale, générationnelle et urbaine dans un même secteur de la ville. Cette règlementation restrictive a également comme résultat de polariser les circulations causant ainsi des embouteillages. Grâce à la mixité fonctionnelle, il est possible de répartir sur une plus longue période de temps les déplacements et d’orienter ces derniers de façons bidirectionnels puisque les destinations ne se trouvent plus unilatéralement toutes du même côté du quartier. Les pôles d’emploi étant situés en périphérie du quartier, à proximité des résidants, cela encourage au changement des comportements de déplacement. Se faisant, le réseau viaire est allégé d’une partie de ses charges et l’impact néfaste sur l’environnement provoqué par les embouteillages sur les routes est grandement réduit.
Bartlette, R. (2003) Testing the popsicle test : Realities of retail shopping in new traditional neighbourhood developments, Urban Studies, vol. 40, no 8, p. 423-445
Bois-Franc. (2012) « Bois-Franc », [En ligne] consulté le 20-10-2012, [http://www.boisfranc.com]
Deschênes, P. (2011) « Une ville dans une ville : Bois-Franc », [En ligne] consulté le 20-10-2012, http://mixtemagazine.ca/FR/m03/une-ville-dans-une-ville-bois-franc/
Sénécal, G. (2009) « La métropolisation et ses territoires », Montréal : Les presses de l’Université du Québec
Références
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Dans le quartier Bois-Franc, la mixité générationnelle est assurée par la présence de deux garderies qui favorisent l’établissement des jeunes familles et d’une résidence pour personnes retraitées autonomes. Sur les trottoirs, il n’est pas rare de croiser un groupe d’enfants ou des gens d’âge mûr. C’est en partie ce qui fait le charme de ce secteur de la ville. « Les espaces verts y sont plus nombreux qu’ailleurs : les parcs sont facilement accessibles à pieds ou en vélo. Cela crée de l’activité autour des habitations : les gens échangent, parfois même leur gardienne ! » (Deschènes, 2011) Tel que le recommandent les principes du nouvel urbanisme, la densité de la population initialement prévue est plus forte que celle que l’on retrouve dans des projets immobiliers similaires de banlieue. Afin de permettre cette densité accrue, on offre différentes typologies architecturales d’habitation tel que le condominium à un ou plusieurs étages, la maison unifamiliale, en rangée ou jumelée. Pour l’instant, avec 6000 habitants, la densité moyenne se situe dans les alentours de 60 unités par hectare pour l’ensemble du projet, mais puisque de nouveaux bâtiments d’habitation s’y ajoutent quotidiennement, les promoteurs parlent de la possibilité d’atteindre une densité moyenne de 80 unités par hectare. La densité du quartier Bois-Franc demeure supérieure à ce qui se fait trop souvent en banlieue, mais demeure inférieure aux quartiers traditionnels de Montréal comme le Plateau-Mont-Royal.
Au cœur du projet, la grande place publique est ceinturée de commerces qui offrent divers services essentiels tels un dépanneur, une clinique médicale, un dentiste, une boulangerie, des restaurants et bien plus. Actuellement, « la mixité des fonctions au sein du quartier Bois-Franc semble s’avérer finalement insuffisante pour les y retenir. » (Sénécal, 2009, p.229) La grande place publique est facilement accessible à la marche et offre bien évidemment des rangements à vélo afin d’inciter les transports alternatifs. On y retrouve même une tour d’observation de laquelle il est possible de poser un œil sur l’ensemble du quartier Bois-Franc. Finalement, bien que certains concepteurs aient fait pression pendant un certain temps, les commerces ont toutefois été dotés de stationnements puisque les commerçants en exigeaient pour s’assurer de la présence d’une certaine clientèle minimale. La pérennité d’un commerce est rarement assurée uniquement par la clientèle locale. (Bartlett, 2003) On y retrouve d’ailleurs là les uniques stationnements à aire ouverte puisque dans l’ensemble du projet, tous les stationnements s’effectuent dans les garages situés en demi-sous-sol dont l’entrée ne se situe jamais en façade.
Dans certains secteurs, le stationnement sur rue est interdit afin d’inciter les individus à utiliser des moyens de transport alternatifs. Selon les observations qui ont eu lieu, cette astuce semble relativement bien fonctionner puisque très peu de véhicules motorisés circulent dans les rues du quartier. Les habitants se sont donc montrés réceptifs aux changements de leurs modes de déplacement quotidiens en adoptant de nouvelles habitudes plus responsables. Par contre, tel qu’il a été démontré dans la précédente section traitant de la mobilité des résidants du quartier Bois-Franc, lorsqu’ils ont besoin d’utiliser leur véhicule pour se déplacer, la moyenne de la distance parcourue est supérieure à celle observée à l’échelle métropolitaine. On explique cela principalement par l’éloignement des services actuellement absents du quartier obligeant les individus à en sortir pour s’en satisfaire. Bref, ils utilisent leur véhicule moins souvent, mais sur de plus longues distances.